lundi, 16 septembre 2019
Filer
Raoul Dufy au MuMa, LeHavre
Cet été j'ai regardé filer
nos pas sur les chemins de randonnées
l'ipomée sur le bambou
tes mains sur mon dos
la clématite sur l'osier
mes lèvres sur ta peau
le cyclanthère sur le noisetier
les oies cendrées dans le ciel
les passants sur le front de mer
le cargo noir devant le soleil rouge
mais regarder filer les étoiles dans le ciel
j'ai oublié.
Mon voeu patientera jusqu'à l'été prochain.
19:28 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le havre | Facebook |
mercredi, 17 avril 2019
Deux bouts
Mercredi dernier, nouvelle journée "les filles à la plage" avec D. puis R., deux amies syriennes...
Face à la nonchalance des paquebots
le bord de mer sort de sa torpeur
château de cartes écroulé
les cabines se relèvent
une à une
malgré un vent entêtant
les passants sont rares
sur la promenade désertée
nous allons jusqu'Au-Bout-du-Monde
pas à pas D. raconte
elle a maintenant les mots pour le dire
les mois qui se sont écoulés
sa reconstruction malgré tout
chemin faisant
j'ai un autre bout du monde en tête
à une dizaine de milliers de kilomètres
et un peu moins d'un an de là
Valparaiso et la terre des grands pieds
ta paume contre ma paume
pour apprendre l'espagnol d'ici là
- je n'en connais que quelques mots
hasta la luna y vuelta-
j'ai trouvé des bottes de sept lieues
un cahier-journal
tu y remplis le vide qui est le mien
et Espaces, instants
encontrar camino en el nuevo idioma
© Pili Vazquez
15:25 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : le havre, chili | Facebook |
vendredi, 15 mars 2019
Biffure 60
Le Havre, août 2018
Sème
sous les pensées
du matin
une langue ardente
Biffures de la page 19 de La guerre des pauvres d'Eric Vuillard
14:04 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le havre | Facebook |
lundi, 13 août 2018
Totems
Totem et totem
Le Havre, août 2018
© Marie Nimier
En souvenir d'une journée que M. avait appelée "Les filles à la plage". Cela aurait pu être aussi "Jour de fête". Nous retrouvions deux amies syriennes, R. et D. installées depuis peu au Havre.
C'était déjà la limite du jour, quand nous sommes arrivées au bout du monde, fourbues. Nous venions de loin.
Du MuMa et ses créatures nées de l'écume et des rêves. De la côte que nous avions longée sous un ciel gris laiteux. De la digue que nous avions empruntée alors qu'une tempête mettait fin à ces jours de canicule : plus rieuses que les mouettes en troupeau sur les galets qui attendaient que le grain passe, si légères que les bourrasques qui faisaient gémir les mâts comme un choeur tragique auraient pu nous emporter mais nous avions tenu bon pour atteindre l'équilibre improbable d'un éléphant sur un homme. Du silence de l'église St Joseph où pour échapper quelques minutes au boucan du vent, alignées sur les strapontins nous avions improvisé un concert de vocalises entrecoupées de fous-rires. Du bistrot où nous nous étions réfugiées pendant qu'une pluie lourde recouvrait le bitume et que les éclairs découpaient les nuages.
Oui de tout cela nous venions, quand nous sommes arrivées au bout du monde, à la limite du jour.
La ville était loin derrière nous, le vent, la pluie et l'orage aussi. Il ne restait plus que la falaise abrupte, le roulement des galets sous l'écume et un colosse blanc.
Était-ce la tendresse contenue dans ses mains enveloppant celles de sa fille ou la force de son regard guettant ceux que la mer pourrait déposer sur le rivage mais nous nous sommes tues. Notre folle journée soudain suspendue. Il y avait dans cette crique quelque chose de sacré ou de profondément humain. Nous nous sommes assises et longtemps nous avons regardé au loin en silence, sous la protection du colosse blanc.
Avant de repartir, R. qui avait traversé montagnes et mers, bravé les dangers qui font le quotidien des migrants, a déposé une pierre sur un des cairns. A mon tour, j'ai déposé une pierre pour qu'un jour de grand vent, la sienne ne rejoigne pas les flots et ne s'éloigne de nos rives.
11:40 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : le havre, cairn, fabien mérelle, marie nimier | Facebook |
dimanche, 22 novembre 2009
APIBEURSDÉ
On est allé courir les rues pour adspicer avec des kidans le quartier d'enfance de Queneau, en gros puis en détails, enfin ce qui nen reste, sa bibliothèque, son lycée. On na stoppé net sur des bandes blanches, en plein milieu de la rue, comme dans z'un film. (plus de gestes) Une zazou a déclamé un texte du zoizo.
Clous clous chers clous
qui protégez le pieton fou
contre les voitures démentes
feux rouges feux verts
grâce auxquels on va vers
le trottoir d'en face
bandes jaunes striées
priez priez priez
pour les pauvres piétons
qu'ont bien besoin de la protection de St Cloud.
Il a plu, il a plu, il a plu. Jamais on upu croire qu'il y en u tant de pluie. Une Havraise a partagé son pébroque avec moi. Le Havre d'avant les bombardements, ça devait faire partie de son enfance. Elle l'aimait sa ville, elle m'a esspliqué les avenues rectilignes qui mènent toutes z'à la mer, l'hôtel de ville d'Auguste Perret. Quand elle est repartie, je me suis même dit qu'il n'y a que dans les romans de Queneau qu'on recroise les gens au chapitre suivant.
Un coinstot d'une illustration de Clément Oubrerie
Arrêt à la station Bibliothèque Armand Salacrou et son expo consacrée à la sale mome. Lu la lettre que Marie Desplechin lui a envoyée, elle qui a egzactement 50 ans c'te année. Egzaminé des illustrations de Trondheim et Corvaisier, lu des articles de gougnafiers qui charabiaïsaient à kimieumieu tout en s'essclamant sans infériorité de complexe que le public n'avait rien compris à Zazie. Ils causent, ils causent, c'est tout ce qu'ils savent faire. (gestes)
On est allé vider un glass, puis direct au théâtre de l'hôtel de ville. Au programme, un chahut lunaire, un boucan somnivore, une médianoche gueulante: trois heures d'enregistrement en public des Papous dans la tête. Pour Zazie, ils ont fendu la campagne et battu les flots.
-Alors tu t'es bien amusé?
-Comme ça.
-Tu as vu la mer?
-Non
-Alors qu'est-ce que t'as fait?
-J'ai vieilli.
17:08 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : queneau, zazie dans le métro, le havre, les papous dans la tête | Facebook |